Ecophyto, NODU… Cinq points pour comprendre le débat sur les pesticides entre le gouvernement, les agriculteurs et les ONG (2024)

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Par Nicolas Arzur et avec AFP

Pour suivre la performance du plan Ecophyto, l’État français utilise l’indicateur NODU. Mais contesté, ce dernier pourrait vivre ses derniers jours, remplacé par un indicateur européen. Au grand dam des écologistes.

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  • 1 Pourquoi le sujet des pesticides est au cœur de l’actualité ?

Les agriculteurs en colère avaient obtenu du gouvernement la suspension du 4e plan Ecophyto, la stratégie française de réduction de l’usage des pesticides. Motif : « le temps de mettre en place un nouvel indicateur » pour mesurer l’usage des pesticides en France. Une décision qui a consterné les associations environnementales, qui ont dénoncé un recul majeur du gouvernement. En désaccord, huit ONG ont quitté mardi une réunion du Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Ecophyto. La FNSEA, principal syndicat agricole, attend toujours, de son côté, une annonce claire sur ce nouvel indicateur de suivi - espérant que celui-ci sera désormais européen. Le nouvel indicateur devrait être annoncé avant le début du Salon de l’agriculture.

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  • 2 Quel est l’indicateur au centre du débat ?

  • IFT, QSA… De nombreux indicateurs sont utilisés pour mesurer l’usage des pesticides en France et la bonne application du plan Ecophyto. Mais l’indicateur principal de suivi, le « NODU », pour « Nombre de doses unité », est le plus contesté. Il divise les quantités de substances actives vendues par leurs doses de référence. En clair, il permet de connaître la somme des substances actives employées dans chaque hectare de chaque champ. À ce jour, la France ne s’en sort pas très bien : l’utilisation des pesticides a augmenté de 3 % entre 2011 et 2021. Très loin des objectifs du plan Ecophyto, qui vise à réduire de moitié l’usage des pesticides.

  • 3 Pourquoi le NODU est contesté par les agriculteurs ?

  • Mais syndicats agricoles, industriels des pesticides et lobbyistes affirment qu’il ne prend pas en compte les efforts des agriculteurs. Pourquoi ? Car il n’intègre pas la dangerosité des produits utilisés. « À partir du moment où on remplace un produit efficace, mais considéré comme nocif, par un produit moins efficace, on est obligé [d’en épandre davantage] dans les champs. Calculer le nombre de doses utilisées, c’est fausser le résultat », explique Eric Thirouin, à la tête des céréaliers. Le gouvernement est d’accord et estime que le Nodu ne reflète pas la baisse « de 96 % en dix ans » des pesticides les plus dangereux (CMR-1).

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  • 4 Tout le monde est-il opposé à cet indicateur ?

  • Non. Plusieurs associations dénoncent un tour de passe-passe de l’État : puisque l’indicateur ne montre pas d’amélioration, alors il faut le changer. Pour le chercheur Corentin Barbu, le NODU est au contraire l’indicateur « le plus pertinent » : « il permet de prendre en compte à la fois la quantité de substances actives et la dose à laquelle elles sont efficaces, ce qui revient à définir leur degré de toxicité ». Selon le site de l’Inrae, le NODU « évalue notre dépendance aux pesticides, en évitant les biais liés aux grandes différences de doses hom*ologuées entre molécules ».

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  • 5 Par quoi le gouvernement veut-il le remplacer ?

  • Les agriculteurs et le gouvernement regardent du côté de l’indicateur européen, le HRI1. Cet indice prend en compte toujours les volumes de substances actives vendues, mais en le multipliant cette fois par des « coefficients » censés refléter la dangerosité des divers pesticides, classés en quatre catégories. Résultat : avec lui, la France a connu une baisse de 32 % de l’usage des pesticides entre 2011 et 2021.

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    Si le lobby des pesticides salue un indice qui « prend en compte la dangerosité, plutôt que le volume », il a aussi des détracteurs. Générations Futures le juge « totalement trompeur », car « les coefficients de dangerosité sont trop faibles » et que la classification choisie a pour conséquence de « pénaliser l’agriculture bio ». « L’usage de pesticides dangereux hom*ologués à faibles doses peut donner un indicateur plus faible que l’usage de pesticides à bas risque », affirme l’ONG. Par exemple, il mesure « le même risque pour un kilogramme d’agent neurotoxique que pour un kilogramme de sable quartzeux », utilisé en bio pour éloigner le gibier des cultures.

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